30 avril, journée nationale contre les violences éducatives ordinaires

Depuis 19 ans, la journée du 30 avril est consacrée à la lutte contre les violences éducatives ordinaires (VEO). Personnellement j’en ai pris conscience vers 20 ans à la lecture du livre « C’est pour ton bien » d’Alice Miller. Ce n’est pas pour ça que je suis devenue une mère exemplaire, loin de là, mais j’y travaille ! Laissez-moi vous en dire un peu plus sur ce sujet.

Qu’est-ce que les VEO ?

Voilà la définition de l’association Stop-VEO : La Violence Éducative Ordinaire (« VEO »), est la violence (physique, psychologique ou verbale) utilisée envers les enfants au prétexte de leur éducation (corrections, punitions), communément admise et tolérée (« ordinaire »). Plus simplement : claque, fessée, tape mais aussi menace, humiliation, chantage affectif… C’est des phrases que nous avons tous entendues à un moment où un autre : “t’es pas belle quand tu pleures”, “t’es un bon à rien”, “si tu n’as pas de bonnes notes à l’école, je t’aimerai plus”, c’est aussi les punitions (si tu finis pas ton assiette tu n’auras pas le droit de jouer…)... 

Pourquoi une journée contre les violences éducatives ordinaires tous les 30 avril ?

Ce qui a motivé la création de cette journée, c’est l’information. C’est de pouvoir proposer aux parents une alternative à un type d’éducation basée sur les punitions et autres. Alors quand même que tout le monde se rassure, c’est pas parce qu’on a crié une fois hier pour que le petit dernier aille prendre sa douche qu’il va avoir des conséquences néfastes pour le reste de sa vie. C’est quand c’est “ordinaire”, c’est à dire habituel au point que nous pensons que c’est normal d’agir comme cela avec un enfant.
La journée du 30 avril a été créée par Catherine Dumonteil-Kremer qui est consultante familiale et auteure de nombreux ouvrages sur l’éducation, entre autres. Elle s’est inspirée de la “no spank day” aux Etats-Unis, journée sans fessée, qui existe depuis 1998. La première journée de la non-violence éducative a eu lieu en 2004. En 2009, une proposition de loi pour l’abolition de toute forme de violence physique a été faite et cela a abouti à une loi en 2019 où les VEO ont été interdites (“l’autorité parentale s’exerce sans la violence physique et psychologique” code civil article 371-1) La Suède a été le premier pays à avoir ce type de loi il y a 40 ans.
Mais il faut rappeler que les droits de l’enfant interrogent depuis un siècle !
La convention internationale des droits de l’enfant date de 1989 alors que c’est en 1924 que les premiers textes sur ce sujet sont adoptés (déclaration internationale des droits de l’enfant adoptée en 1924 par la SDN société des Nations). Cela montre aussi qu’il faut du temps pour que les mentalités changent. Mais aussi de ce fait, nous avons maintenant le 119, le numéro de l’enfance en danger, les services de PMI sont sensibilisés aux violences parentales, les professionnels de santé ont obligation de signaler toute suspicion de maltraitance. Alors bien sûr que tous ces services sont attentifs à ce qui se passe dans les familles. Avant le médecin de famille ne regardait pas forcément les coups reçus, il faisait d’ailleurs peut-être pareil et cela faisait partie des normes éducatives.
Et puis il faut dire aussi que de plus en plus nous nous interrogeons sur notre enfance, les gens ne vont pas bien et veulent connaître l’origine de leur mal-être. Beaucoup font donc un travail sur leur enfance et ne veulent pas reproduire la même chose quand ils deviennent parents. Sauf que si c’est facile à dire, ce n’est pas facile à faire. Nous reproduisons souvent les schémas familiaux, c’est ce que l’on connaît le mieux. Et c’est souvent quand nous nous retrouvons dans une situation similaire à celle connue enfant que l’on s’interroge et que l’on cherche de l’aide. 


Comment repérer les VEO ?

Il y a une citation que j’aime bien “ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse”. Je pense qu’on peut déjà commencer comme ça. S’arrêter un moment et prendre le temps de réfléchir à ce que l’on vient de dire à l’enfant et se poser la question “est-ce que j’aimerai qu’on me parle comme ça ?” Il faut essayer de changer d’angle, comme le titre de la BD de Fanny Vella. Si je suis triste parce que je viens d’apprendre une nouvelle terrible pour moi, que j’en parle à ma meilleure amie pour être réconfortée et qu’elle me dit “pleure tu pisseras moins” il y a de fortes chances que je sois déçue.
Et puis nous pouvons aussi en parler avec notre entourage. Vous pouvez demander à vos amis comment ils réagiraient face à telle ou telle situation. Le regard des autres sur nos propres réactions, à condition qu’il soit bienveillant, est souvent une aide pour nous permettre de prendre conscience de nos actes. Il sera donc préférable de ne pas interroger son cercle familial pour se confronter à d’autres modes de valeurs.
Je peux aussi vous encourager  à vous informer au moyen de lecture d’auteurs comme Catherine Guéguen, Héloïse Junier, Anne Raynaud mais aussi Olivier Maurel ou encore Alice Miller. C’est aussi un bon moyen de prendre conscience de notre quotidien, cela permet de comprendre le développement du cerveau de l’enfant qui ne sera mature qu’à 25 ans, apprendre à repérer et comprendre les émotions, souvent niées chez le parent lui-même du fait de son éducation.
Il y a aussi des ressources vidéos, comme les mardis spaghettis de la CAF diffusés sur youtube sur la chaîne “mardis de la parentalité parents touraine”. Les conférences TedX aussi notamment celle d’Anne Raynaud. Le forum européen de bioéthique de 2022 portait sur les droits de l’enfant et les vidéos sont consultables sur le site du forum.
Je conseillerai aussi une très bonne revue, “Innovation en éducation” qui est disponible sur abonnement seulement et qui paraît tous les 2 mois.
Et puis bien sûr il est possible d’en parler aux professionnels comme le pédiatre, un psychologue, l’assistante maternelle, le personnel de crèche, l’école… ou l’accompagnante parentale !

Comment éduquer nos enfants autrement ?

Cette question parait facile, mais cela l’est beaucoup moins quand on se retrouve seul-e avec un enfant en fin de journée. « Il faut tout un village pour élever un enfant ». Et c'est souvent le problème, nous sommes isolés de nos familles, de nos amis et ça explose dans nos foyers. Le 15 avril dernier, j’ai eu le plaisir d’entendre le Dr Anne Raynaud à Montrichard. Elle nous a parlé de parentalité responsable, plutôt que positive ou bienveillante. Nous sommes responsables de ce que nous transmettons à nos enfants. Pour cela nous devons nous faire confiance, le parent sait le mieux ce qu’il faut pour son enfant. Le problème c’est que nous sommes dans une société qui voue un culte à la performance. Il faut être performant au travail, dans son couple et en tant que parent. Donc nous cherchons des informations à l’extérieur, on se compare avec la voisine, les réseaux sociaux… Et nous n’écoutons pas notre intuition et encore moins nos enfants. Et on craque ! Et c’est facile de s’en prendre aux enfants. Nous sommes tout pour eux, ils acceptent tout de nous.
Les sites internet OVEO, observatoire des violences éducatives ordinaires et Stop VEO sont une bonne source d’information. Et surtout il y a des brochures à télécharger pour s’aider au quotidien, comme par exemple le guide de survie au supermarché avec les enfants… L’idée n’est pas de laisser tout faire aux enfants, le contraire de la violence n’est pas le laxisme. Alors ces petits guides peuvent être bien utiles pour apprendre à faire autrement.
Dès la grossesse il est possible de mettre en place des outils pour mieux communiquer. Déjà avec le co-parent ! S’intéresser à la communication non-violente, l’expression des émotions… Si nous le pratiquons régulièrement avec d’autres adultes, nous le ferons plus facilement avec nos enfants. Et surtout nous aurons appris à nous exprimer autrement que par la colère quand notre patience et notre silence ne peuvent plus nous contenir.
Le portage physiologique, le massage bébé, communiquer en langue des signes avec son bébé seront aussi des moments précieux pour échanger et mieux se comprendre. C’est souvent sur des malentendus que les choses dégénèrent. 
Et surtout que l’on se rassure, rien n’est figé. Même si nous n’avons pas porté notre bébé, ni signé avec lui, les choses sont toujours modifiables et la communication avec son enfant est en constante évolution. 


Les enfants et les VEO

Les enfants sont sensibilisés à la violence dès qu’ils sont en collectivité. Ils sont confrontés à la violence de leurs camarades de crèche ou de classe. Et à ce moment là, le personnel rappelle les règles, pas de violence, on se parle avec respect… Il y a aussi beaucoup de livres pour les enfants sur le vivre ensemble, les émotions… Et puis ils parlent entre eux. “J’étais puni hier car je n’ai pas fini mon assiette”. Et l’autre de répondre "ah bon, moi je suis jamais puni et si je n’ai plus faim on me force pas”. Cette confrontation permettra à l’enfant victime de prendre conscience que ce qu’il vit chez lui n’est pas comme ailleurs, n’est pas respectueux. Cela ne veut pas dire qu’il va dénoncer des choses, mais il peut interroger ses parents. 
Les VEO se retrouvent aussi malheureusement à l’école ! Les punitions, les humiliations devant toute la classe pour avoir oublier son livre, son cahier… Il y a là aussi un gros travail à faire avec les personnes qui s’occupent d’enfants au quotidien ! 

Les conséquences des VEO 

Nous connaissons maintenant, avec les neurosciences, l’impact de cette éducation sur le développement du cerveau de l’enfant. Cela engendre du stress, impacte l’estime de soi, augmente les troubles du comportement, des troubles anxio-dépressifs, des troubles des apprentissages, sans parler des perturbations du système biologique. Certaines études montrent même que les enfants soumis au stress ont plus de risque de développer, une fois adulte, des troubles cardio-vasculaires, des cancers.
Il y aura aussi bien sûr des conséquences dans leur vie d’adulte, dans leur vie de couple, avec leur enfant… Le lien d’attachement étant souvent insécure, ces personnes auront des personnalités plus ou moins violentes ou au contraire accepteront tout de peur d’être abandonnées. La violence dans la société a souvent pour origine la violence dans la famille. 
Les conséquences sont pour les enfants, pour les futurs adultes qu’ils seront et pour toute la société.


Pour conclure, je voudrais quand même rassurer les parents qui lisent ces lignes. Nous avons tous des moments où nous sommes à bout et où il nous arrive de crier sur nos enfants. L’essentiel est d’en prendre conscience, que nos enfants ne deviennent pas nos punching ball. C’est quand cette violence s’inscrit dans le quotidien que cela devient délétère et qu’il est important de se faire aider. L’accompagnement parental que je propose est là pour ça, entre autre !

Et si vous voulez m'entendre en parler, je vous laisse écouter cette émission diffusée sur Radio Active Amboise où Katia Geffard m'a invitée en avril 2023 !

https://radioactivefm.fr/IMG/mp3/regard_pluriel_-_la_non-violence_educative_ordinaire_21.04.2023_mixage_final.mp

Les ressources pour changer ses habitudes éducatives :

https://www.youtube.com/@mardisdelaparentaliteparen4551
https://www.ted.com/talks/anne_raynaud_postel_prendre_soin_du_lien_un_defi_pour_notre_societe_anne_raynaud_postel_tedxbordeaux
https://stopveo.org/
https://www.oveo.org/

 

Avril  2023