Maternité et Catholicisme

Le mois d’or

Pour mon travail de fin d’études de ma formation d’Accompagnante en Périnatalité et Parentalité, j’ai dû réaliser un podcast sur le thème du mois d’or. C’est une tradition chinoise pour le premier mois qui suit la naissance d’un enfant. La jeune mère, considérée comme impure par la médecine chinoise, doit rester isolée pendant 40 jours. Elle doit restée chez elle sans quoi elle pourrait « contaminer » les personnes qu’elle croiserait à l’extérieur. C’est aussi un moment où elle est très vulnérable et doit rester au chaud pour ne pas attraper de maladie. Ce moment est aussi considéré comme un temps où elle peut guérir de maux qu’elle avait même avant la grossesse. Des membres de sa famille, essentiellement des femmes, viennent pour s’occuper d’elle et de son bébé. 


Cette notion de mois d’or a tendance à devenir de plus en plus présente dans le monde des doulas. IL a surtout été popularisé par une livre du même nom de Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin. Mon sujet exact était « peut-on vraiment parler du mois d’or ? ». Alors j’ai choisi de le traiter sous l’angle de « peut-on vraiment parler du mois d’or en France en 2023 ? » Je me suis intéressée à ce qui ce fait ici et comment le vivent les parents. Et au cours de mes rencontres, j’ai pu questionner une des paroissiennes du Diocèse de Tours pour connaître les traditions catholiques autour de la naissance. Et c’était tellement intéressant qu’il fallait que je vous le partage ! N’ayant pas voulu diffuser le podcast, vous avez le droit à un article de blog !

 

La cérémonie des relevailles, une bénédiction !


Alors comme beaucoup je pensais à la cérémonie des relevailles, celle qui est censé purifier la femme après 40 jours… Et bien ce n’est pas ça du tout ! 
En fait c’est dans le judaïsme que la femme qui saigne est considérée impure. C’est donc une notion que l’on retrouve dans l’ancien testament mais pas du tout dans les Evangiles. Enfin avec une nuance quand même, lors de la présentation au Temple.  Marie et Joseph s’y rendent pour offrir le premier né mâle à Dieu, comme le veut la coutume juive. Et Marie, qui est juive, se soumet au rite de purification de la femme au bout de 40 jours après la naissance sans quoi elle ne peut pas rentrer dans le Temple. C’est d’ailleurs un des mystères joyeux du Rosaire.


Mais Jésus nous dit que l’homme et la femme, sont des créatures créées par Dieu, donc parfaites comme elles sont. Les menstruations, la grossesse, la naissance et tout ce qui se passe dans le corps en post partum a donc été voulu par Dieu, donc rien n’est impur ! C’est ce qui sort du cœur de l’homme qui peut être impur. Et quand j’ai lu le texte de la bénédiction des relevailles, il n’est aucunement question de purification. Il est noté : « Dans une antique tradition, à sa première sortie après la naissance de son enfant, la mère se rend à l’église pour sanctifier, par la cérémonie dite des « relevailles », les joies de sa maternité, et remercier Dieu de ce que, sans dommage pour sa santé, elle a mis un enfant au monde. » C’est donc bien la joie que l’on vient célébrer et non l’impureté. 


La cérémonie des relevailles ne se fait presque plus depuis le concile Vatican II dans les années 60. Et bien permettez moi de trouver ça dommage, car je trouve que c’est une cérémonie joyeuse, peu connue ou mal connue. Actuellement, c’est lors du baptême de l’enfant que le prêtre va venir bénir la mère. 

 

La maternité se vit comme une petite Pâque


La femme, par la maternité, a la possibilité de s’ouvrir encore plus à la spiritualité. Il est vrai que la grossesse, la naissance ont quelque chose de mystérieux. Je suis toujours émerveillée de voir comment à partir de 2 moitiés de cellules il est possible de construire un être humain dont le corps fonctionne parfaitement dans la majorité des cas. Comment chaque cellule, chaque molécule a un rôle précis et travaille avec l’ensemble des autres cellules et molécules. On parle de miracle de la vie, mais il y a quelque chose comme ça dans le fait de fabriquer un bébé dans son propre corps !


Pour la religion catholique, la grossesse et la naissance peuvent se vivre comme une petite Pâque. C’est en tout cas ce qu’il y a de plus proche de la Pâque spirituelle. La grossesse se rapproche de l’attente du Messie, très présente dans l’ancien testament. Tout le monde attend un être qui va venir tout changer, tout améliorer mais dont on se sait pas grand-chose. On ne sait pas comment il s’appelle, comment il est, ni même si c’est une fille ou un garçon. C’est un peu la même chose pour le bébé que l’on attend.  Et puis la grossesse, c’est une occasion de découvrir encore plus sa foi. Il est dit que le chrétien doit accueillir Dieu en lui. Et là c’est un équivalent avec la grossesse, il faut accueillir une autre personne en soi. Cela est donc considéré comme une grâce pour la femme de pouvoir connaître cette relation particulière avec un être et donc de se préparer à vivre la même chose avec Dieu.


La naissance peut se vivre comme la Passion du Christ. Jésus va accoucher de son Eglise après sa mort et sa résurrection. Il aura d’ailleurs fait lui-même le parallèle avec la naissance lors d’un discours à ses disciples, dans l’Evangile selon Saint Jean 16-21 : « La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, toute heureuse qu’un être humain soit venu au monde ».  Le processus de l’accouchement nécessite que la femme fasse confiance à quelque chose qui la dépasse, quelque chose de plus grand qu’elle. Il faut qu’elle s’abandonne pour que ce bébé puisse arriver, qu’elle puisse s’ouvrir pour lui laisser le passage libre. C’est aussi ce qu’à fait Jésus lors du vendredi saint, il s’en est remis à la volonté de plus grand que lui, malgré la souffrance de la mort sur la croix. Mais il savait cela nécessaire pour la naissance du christianisme. La femme  doit, comme Jésus il y a plus de 2000 ans, s’abandonner à la souffrance pour qu’un être humain naisse. Bon depuis les années 90 c’est  biaisé avec l’apparition presque systématique de la péridurale.


Le post partum immédiat peut s’apparenter au samedi saint. Jésus est mort et dans les églises le tabernacle est vide, c’est l’endroit où sont d’habitudes accueillies les hosties symbolisant le corps du Christ.  Il n’est plus là. Comme pour la femme, son ventre est vide. Son bébé est là, à côté d’elle. Certaines d’ailleurs décrivent bien ce vide ressenti dans le corps après la naissance. Le fait de regretter ne plus le sentir bouger, ne plus faire un avec ce bébé. La maternité sera une succession de détachement, le sens du sacrifice, l’offrande et la joie de ce cadeau de la vie. 

 

C’était pour moi très intéressant de faire ces recherches. Cela m’a permis de voir que nous allons toujours chercher des rituels exotiques, alors que nous en avons de très beaux ici aussi, même s’ils se perdent. J’ai découvert une vision du christianisme que je ne connaissais pas, alors que je viens d’une famille catholique et que j’en ai reçu des enseignements. 


J’espère que vous aussi vous avez pu apprendre des choses ! Et si vous avez des choses à partager sur ce sujet vous pouvez laisser votre message ici.

 

Juin 2023