D'infirmière à Doula

D'infirmière à Doula

 

Diplôme en poche en avril 2002, je suis persuadée que je serai infirmière jusqu'à ma retraite. Je travaille en psychiatrie, dans une clinique privée, avec comme objectif de rentrer à l'hôpital public. A cette époque, c'est le graal ! Toute infirmière ou presque veut devenir titulaire de la fonction publique.

Infirmière dans la fonction publique hospitalière dans les services de psychiatrie adulte


Un peu plus d’un an plus tard, je rentre à l’hôpital de Tours, je travaille de nuit en psychiatrie sur l’équipe de remplacement. Je vais de service en service, au gré des besoins. Je découvre les différents courants en psychiatrie : institutionnel, psychanalytique, comportementaliste… J’ai toujours eu un penchant pour la psychothérapie institutionnelle. Soigner l’institution pour soigner les gens… Bon je résume beaucoup, mais comme le propos n’est pas de faire un cours de psy, je m’arrête là parce que je pourrais être très bavarde sur le sujet. Pendant les 13 ans de ma pratique en psychiatrie adulte, j’aurai travaillé de nuit, de jour, en intra-hospitalier et en extra-hospitalier.  J’ai rencontré beaucoup de personnes avec des souffrances diverses, allant de la dépression à  la psychose, tout type de milieu socio-économique confondu, des patients ayant le désir d’aller mieux à ceux placés par le Préfet. Souvent je remarque des difficultés pendant la grossesse, l’accouchement ou la petite enfance des personnes. Ces questions me taraudent de plus en plus, d’autant que je deviens maman à mon tour. 


Lors d’une recherche pour changer de poste, je tombe sur une annonce d’une vacance en pédiatrie de jour. Et je tente ma chance. Alors que pourtant pendant des années quand quelqu’un me disait que le travail en psychiatrie devait être dur, je répondais toujours que non c’est la pédiatrie qui doit être difficile et que jamais je ne travaillais dans ces services ! Comme quoi !... 

Ne jamais dire jamais, infirmière en pédiatrie


Je suis acceptée en médecine pédiatrique de l’hôpital Clocheville. Je fais des soins très techniques auprès de nouveaux-nés comme de grands ados. J’apprends énormément avec des collègues formidables que je ne pourrais jamais oublier ! On y soigne les pyélonéphrites comme les mucoviscidoses, les maladies rares et orphelines ou les difficultés d’allaitement et les bronchiolites… Une expérience de 3 ans qui restera gravée dans ma mémoire. J’adore le contact avec les enfants, mais aussi avec les parents. J’aime les accompagner dans leur vie de parents, les aider à comprendre les besoins de leurs bébés… Je passe beaucoup de temps à discuter avec eux, à écouter leurs peines, leurs doutes, leurs joies, leurs victoires sur la maladie… Même si ce service était intense et que souvent en salle de pause nous disions que c’était trop dur, au fond je serai bien restée plus longtemps. Mais l’Hôpital Parents Enfants à Amboise va ouvrir et recrute des infirmiers ayant travaillés en psychiatrie et en pédiatrie. Et puis ça m’intéresse depuis tellement longtemps de travailler en périnatalité ! M’occuper des parents et des bébés pour qu’ils puissent dépasser leurs difficultés et vivre sereinement ! Je postule donc et je suis acceptée.

Découverte de la psychiatrie périnatale !


C’est parti pour Amboise, une demi-heure de route, 50 km par jour, en faisant les 3/8, alors que je quitte un poste à 10 min à pied de chez moi ! Mais tant pis, le poste me plaît. C’est les débuts du service, beaucoup d’envies, d’émulations, de partages… Très vite je me rends compte que de faire tous les postes en même temps, hospitalisation de jour, temps complet, visites à domicile, ne me permet pas de suivre les personnes comme je l’entends. Je me sens comme une exécutante qui court de patiente en patiente sans connaître son histoire, sans avoir le temps d’écouter … Je croyais que je resterai dans ce service jusqu’à ma retraite, que j’avais enfin trouvé ce que me convenait le mieux… Sauf que je ne peux pas continuer à travailler contre mes valeurs, je veux avoir le temps d’écouter les personnes, je veux pouvoir leur dire à quel point elles sont puissantes, particulièrement aux femmes sur le point de donner naissance. Je veux pouvoir aider les femmes à réparer leur corps meurtris par un accouchement difficile autrement qu’en leur donnant des antidépresseurs. Je veux pouvoir aider les pères à tisser du lien avec leur bébé dans un autre endroit que celui de l’atelier comptine. Je veux que le cododo soit autorisé car il respecte au mieux les besoins de l’enfant plutôt que de surveiller le sommeil de ces petits anges dans un dortoir… Bref, je sais que c’est avec les femmes enceintes, les jeunes parents et les bébés que je veux travailler, mais pas comme ça.

Bye bye l'hôpital, infirmière remplaçante en libérale


Je me renseigne sur les formations mais je sais qu’elles ne pourront être financées par l’hôpital. Je décide donc de prendre une disponibilité d’un an, de travailler comme infirmière libérale remplaçante pour pouvoir financer une formation et avoir le temps de la suivre. Le métier de doula m’attire beaucoup. J’y vois la possibilité d’accompagner les personnes selon mes valeurs, dans le respect de leurs choix et non suite à la volonté médicale. Mais je le trouve quand même un peu restreint. J’ai envie d’aller plus loin que le quatrième trimestre de la grossesse. Mon souhait a été exaucé par Camille et Elise de LBDC Formations avec la création de la formation Accompagnante en Périnatalité et en Parentalité ! Les inscriptions pour la première promo sont closes, je scrute le site, les réseaux pour ne pas louper la deuxième sélection ! En attendant je me forme aux cercles mamans bébés, au yoga bébé,  au rituel du Blessing Way, je participe au séminaire de Karine Laseva alias Quantik Mama qui me confirme que c’est ça, ça vibre et je suis sur la bonne voie !

Reconversion enclenchée ! Début de la formation de doula


En janvier 2022, commence l’aventure APP 2. APP pour Accompagnante en Périnatalité et en Parentalité et 2 pour la deuxième promo. De belles rencontres là aussi ! Une formation très exigeante, mais tellement riche ! Je vais pouvoir accompagner les jeunes filles dans leurs ménarches, les couples en PMA, les grossesses, les accouchements, le post partum, être monitrice de portage physiologique, animatrice en massage bébé et en langue des signes adaptée à bébé, je vais accompagner les parents sur leur chemin jusqu’à la pré-adolescence… Le tout au moyen de consultations, d’ateliers, de visites à domicile, d’accompagnements en milieu hospitalier, de rituels… 
Lors de ma formation je dois accompagner 3 familles pendant la grossesse, l’accouchement et le post partum. L’astreinte de la naissance est difficilement compatible avec mon travail d’infirmière libérale. De plus, j’ai fait la connaissance de Marion, sage-femme AAD (Accouchement Accompagné à Domicile) qui cherche des doulas pour l’assister lors des naissances. Les astreintes commencent à la fin de l’été 2022. Alors je plonge dans l’inconnu et je quitte ce métier au moment où j’écris ses lignes pour me consacrer seulement au métier de doula, d’accompagnante, auprès des familles qui me feront l’honneur de me solliciter.


Et comme je sais que je ne retournerai pas travailler comme infirmière à l’hôpital, j’ai démissionné, j’ai quitté le graal tant convoité pendant mes premières études… Une façon unique de fêter ses 20 années de diplôme d’Etat !

 

Septembre 2022