C'est LA question à laquelle vous ne pourrez pas échapper ! Péri ou sans péri ?
C'est une question centrale avec la très grande majorité des parents que j'accompagne. Pendant la grossesse, vous me demandez souvent comment faire sans péridurale. Et une fois que bébé est là, nous prenons un moment pour échanger sur ce qui s'est passé, comment vous avez vécu cette naissance. Et ce n'est pas toujours ce qui était prévu.
Je suis enceinte et je ne veux pas de péri
Beaucoup de futures mamans veulent accoucher sans péridurale. Ou en tout cas, essayer. Parce que oui, depuis la nuit des temps les femmes accouchent sans péri et l'humanité a survécu. Donc c'est possible.
Sur les réseaux, vous allez trouver nombres de professionnel·le·s qui prônent l'accouchement sans péridurale, vous disent que votre corps est fait pour et qu'il ne faut pas écouter les professionel·le·s médicaux qui veulent vous infantiliser, vous faire peur et augmenter leur chiffre d'affaires. On ne va pas se mentir, depuis maintenant 20 ans, les hôpitaux et cliniques sont financés sur les actes pratiqués, la fameuse T2A, tarification à l'activité. Donc un accouchement avec péridurale rapporte plus que sans.
Il y a pleins d'avantages à ne pas vouloir de péridurale. Vous pourrez bouger plus facilement pendant le travail, même si le monitoring en continu à partir de 5 cm de dilatation ne va pas faciliter les mouvements. Vous allez sentir quand pousser et comment. Vous récupérez plus rapidement de la naissance, vous pouvez vous lever quasiment tout de suite après. Et c'est quand même mieux pour bébé aussi qui n'a pas pris d'anesthésiant.
Pourtant en France, 79,7% des accouchements voie basse ont nécessité un recours à la péridurale (81,5% en métrople et 50,5% dans les DOM/TOM/COM) Sources : scan santé, indicateurs de santé périnatale, 2023
Quelques raisons qui font que vous demandez la péridurale
La pression sociale et familiale
Pour la plupart des futurs parents actuellement, leurs mères ont accouché avec une péridurale. Leurs grands-mères n'avaient pas le choix que d'accoucher sans. Vous avez donc 2 discours entre "c'était douloureux et j'avais pas le choix" et "j'ai rien senti". Votre cerveau enregistre donc que 1, ça fait mal et 2, y'a des moyens pour supprimer cette douleur. Ce n'est donc pas si facile de se préparer avec ce genre de croyances. Parce que oui, vous allez sentir les contactrations mais pour la majorité des femmes, ce n'est pas insurmontable, la preuve, l'humanité a survécu ! Et certaines ont même eu plusieurs enfants.
Dans les films ou à la télé, les images d'accouchements sont souvent les mêmes. La femme perd les eaux, se met à crier et est installée en position gynéco pour donner naissance à son bébé, en hurlant et insultant les personnes présentes. Et souvent elle retrouve le sourire après sa péridurale. Donc là aussi, difficile de se faire une image différente après avoir vu ça depuis plusieurs années.
Ce discours a aussi imprégné le papa, qui ne comprend pas pourquoi vous ne voulez pas de péri. C'est aussi compliqué pour lui de voir la personne qu'il aime dans la douleur, surtout qu'il se sent en partie responsable. Et comme la majorité des êtres humains, nous n'aimons pas voir l'autre dans la douleur et nous voulons la soulager. De la même façon qu'avec un enfant qui va hurler après être tombé et qui n'a même pas une égratignure, beaucoup de parents viendront dire, "arrête de pleurer, y'a rien !" Et bien là ce sera pareil : "arrête de crier, prends la péri !"
La peur de la douleur
Vous avez entendu à multiples reprises qu'un accouchement ça fait mal. Certains vont même jusqu'à faire la comparaison avec le nombre de côtes cassées que la douleur occasionne. Ce qui n'a aucun rapport !
Les récits des femmes qui disent à quel point elles n'en pouvaient plus et étaient soulagées dès la pose de la péri ne manquent pas, que ce soit dans la famille, au travail ou sur les réseaux. Et comme la majorité des gens n'aiment pas avoir mal, le recours à la péridurale est tentant.
Un accouchement c'est long et le temps n'est pas connu à l'avance. Souvent les femmes me disent qu'elles ont pris la péri car elles avaient déjà mal depuis quelques temps et avaient peur que cela continue encore plusieurs heures. C'est donc plus par anticipation qu'elles ont fait ce choix. Pour certaines, la péridurale a accéléré le travail et elles regrettent finalement de l'avoir demandé. Et d'autres encore ont préféré attendre et me disent que si elles avaient su que ce serait aussi long elles l'auraient demandé avant pour ne pas souffrir autant.
La peur de l'inconnu
Quand c'est le premier bébé, rares sont les femmes qui savent vraiment ce qu'est un accouchement. Elles ont entendu tout un tas de choses et se demandent à quelle sauce elles vont être mangé. Ce n'est donc pas évident d'être détendue devant l'inconnu. Sauf que la crispation va augmenter les sensations douloureuses et donc il sera plus difficile de ne pas faire appel à l'anesthésiste.
Mais c'est aussi l'inconnu d'une vie avec un bébé. La grossesse au bout de 9 mois, on voit bien ce que c'est. Mais un bébé, tout le temps, qui pleure la nuit et dont il faudra prendre soin 24h sur 24. Au dernier moment cela peut représenter une véritable peur pour la maman. Les contractions peuvent alors être moins efficaces, comme si le cerveau voulait ralentir la naissance.L'anxiété augmente, ce qui n'est pas bon du tout pour faire venir l'ocytocine.
La présence de l'anesthésiste et la surcharge de travail des services hospitaliers
Ce n'est pas moi qui le dit mais une étude de l'INSERM de 2015. Il est montré que la France est le pays où le recours à la péridurale est le plus important. La consultation anesthésiste du 8e mois semble jouer. C'est aussi une proposition faite aux femmes pour soulager les équipes médicales surchargées. Il est plus facile de prendre en charge une femme sous péridurale avec un monito en continue qu'une femme qui a besoin de soutien pour l'aider à vivre ses contractions. Je vous invite à lire cet article qui interroge.
Le pic d'adrénaline en fin de travail (phase de désespérance)
Pendant un accouchement, il y a tout un cocktail d'hormones en jeu, dont l'adrénaline. En toute fin de dilation, il y a un pic, qui permet à la maman d'avoir la force d'expulser son bébé, d'être alerte au moment de la naissance. C'était très utile au temps préhistorique s'il fallait courir vite après la naissance pour protéger bébé des bêtes sauvages !
Ce pic est aussi utile au bébé, qui lui aussi sera plus alerte et donc pourra plus facilement exercer ses réflexes archaïques indispensables à sa survie (reptation, succion...)
Mais c'est un moment où la mère va ressentir une peur soudaine, elle peut paniquer et demander une péri même si elle n'en avait pas envie. La plupart du temps, quand la maman s'est bien informée sur la naissance, il suffira de lui rappeler qu'elle est dans cette phase pour qu'elle se rassure, c'est le signe que bébé est bientôt là, que l'accouchement prend fin.
Mais alors est-ce que c'est possible d'accoucher sans péridurale en France ?
Ces quelques explications précédentes, il peut y en avoir bien plus, montrent comme cela peut être compliqué de garder son cap "sans péri" au cours d'un accouchement. Bien sûr c'est possible, mais cela demande une préparation pour connaître le processus de la naissance et aussi un travail sur soi pour comprendre ses propres blocages.
Il est aussi important de s'informer sur les intérêts de la péridurale. Il ne faut pas non plus la diaboliser. Si votre bébé a les épaules coincées, vous serez contente d'avoir une péridurale ! Un travail qui stagne trop longtemps peut reprendre rapidement après une péri car elle apporte de la détente et les contractions seront plus efficaces que si vous êtes crispée de douleurs et de fatigue.
L'essentiel est que vous puissiez avoir un bon vécu de votre accouchement, avec ou sans péri ! Et pour ça, il faut S'INFORMER !
Octobre 2025