Maman solo...

Comme beaucoup d’entre vous, je suis ce que l’on appelle une maman solo. Au fur et à mesure de mes rencontres, quelles soient professionnelles ou privées, je me rends compte que maman solo n’est pas seulement réservée à celles qui vivent seules avec leurs enfants. Certaines peuvent être en couple et pourtant bien seules avec leur bébé !


Quand j’ai su que j’étais enceinte, j’étais heureuse. Le papa un peu moins, mais il était informé que je n’avais plus de contraception et la discussion bébé était lancée depuis un moment. J’ai passé la plupart du temps de ma grossesse seule. Ma mère et ma sœur étaient là, j’ai cette chance ! C’est ma mère qui est venue avec moi pour la première échographie. C’est ma sœur qui m’a aidé à faire les peintures pour la chambre de bébé et avec qui j’allais dans les magasins de puériculture.
A 4 mois et demi de grossesse, je découvre que monsieur n’est pas tout seul, il entretient une autre relation depuis plusieurs mois. La grossesse se poursuit, nous convenons de nous séparer après la naissance. 


Mon médecin qui me suit me parlera souvent d’associations de parents, mais je n’ai pas l’envie d’y aller. Pas envie de me retrouver avec des couples, des femmes qui racontent leur vie de couple. Pourtant j’en aurai eu besoin et avec le recul, je me dis que j’aurai dû y aller quand même, d’autant que j’aurai rencontré d’autres mamans solos ! Alors je reste « seule » avec mes ressentis et mes doutes. Ma mère et ma sœur sont heureusement toujours présentes. Et puis je commence un suivi avec une psychologue. Elle sera soutenante pendant cette grossesse. C’est aussi dans ces moments là qu’on se rend compte de l’importance d’être accompagnée dans cette période de la vie où l’on devient mère.
Le père de ma fille sera là, dans l’ombre. Il suivra les choses de loin, juste pour faire bonne figure devant sa famille. 


Pour la naissance, là encore je suis seule. Le papa est chez sa copine. Il veut quand même être présent à l’accouchement et je pense que cela peut être une bonne chose pour la construction du lien avec son enfant. L’infirmière en psy, que je suis à ce moment là, sait que cela peut être dommageable pour le développement de ma fille, alors je n’écoute pas mes envies et j’accepte. Ah foutu métier ! 
Je vis mon embarcation seule, le papa m’emmènera à la maternité. Il restera là mais je n’ai aucun soutien. Si une doula avait été présente ! Mais déjà je ne connaissais pas ce métier et en plus il n’y en avait pas sur Tours il y a 14 ans !
Mon séjour à la maternité je l’ai passé en chambre double, il n’y avait plus de chambre simple. Et heureusement ! C’était réconfortant de ne pas être seule dans ces premiers moments hésitants avec son bébé. En plus c’était le week-end, alors le personnel était au minimum. Et puis chaque « collègue » qui rentrait dans ma chambre me parlait des problèmes de fenêtres, de personnels… Ben oui, je faisais parti du syndicat majoritaire de l’hôpital. Sauf que j’étais là comme jeune accouchée et que je n’en avais rien à faire ! Mais c’est une autre histoire…


Au retour de la maternité, je me suis retrouvée seule avec ma fille. Seule la nuit, seule la journée, seule aves ses pleurs, avec mes doutes. Je me suis souvent posée la question de « pourquoi j’ai voulu un enfant ? ». C’était dur mais avec le recul, si c’était à refaire, je recommencerai ! Mon allaitement m’a sauvé je crois. Je gagnais du temps sur la préparation des biberons, pas de bouteilles d’eau à porter… Les nuits étaient en cododo, c’était beaucoup plus simple ! Je ne connaissais pas les principes de maternage proximal, mais c’est pourtant ce que j’ai pratiqué pour le côté pratique. J’ai porté ma fille en écharpe rapidement, mal ! Maintenant que je suis monitrice de portage physiologique je me rends compte que je n’ai rien fait comme il faut. Mais comme me dit Camille, notre formatrice, « tu l’as porté ! C’est ce qui compte ». Surtout qu’à ce moment là, pas non plus de monitrice de portage dans le coin. Le portage était un soulagement ! Je retrouvais mes mains ! Un atout majeur étant seule avec un tout petit bébé ! 


Alors ce n’était pas simple, ça ne l’est pas toujours non plus. Mais j’y suis arrivée ! Forte de cette expérience, je sais que je suis maintenant en paix avec cette partie de ma vie et que je suis la mieux placée pour comprendre les mamans solos. Je sais comme l’entourage redouble de conseils non sollicités puisqu’on est seule, qu’en tant que maman, on a une culpabilité énorme de faire subir ça à notre enfant, qu’on subit le regard de l’entourage quand il n’y a jamais de papa avec ce bébé… Et je connais aussi la déception de devoir retourner trop rapidement au travail, de ne pas pouvoir prendre de congés parental parce qu’il n’y a pas d’argent qui rentre. Et en même temps la satisfaction de reparler à des adultes en n’y retournant !


Je vais donc proposer des formules spéciales « maman solo » pour les accompagner au mieux dans cette spécificité de la parentalité. Parce qu’elles en ont le plus besoin et parce qu’étant passée par là, je peux comprendre ce que cela veut dire d’être seule avec son bébé…

 

Octobre 2022